Je revendique de pleurer sur le sort de tous mes frères et soeurs en humanité.

Après l’attaque du Hamas contre Israël, Marie-Armelle Beaulieu qui vit à Jérusalem depuis plus de trente ans écrit ceci (extraits)

Lire l’entièreté de son message sur : https://resurgences.be/je-revendique-de-pleurer-sur-tous-les-morts/

Une situation appelée à exploser

Le volcan couvait, on le savait. Et de la part des Églises, ce n’est pas faute d’avoir alerté. J’espère que ceux qui ont créé ces conditions en répondront un jour. Hier, un jeune Israélien m’a dit : « Vraiment nous sommes surpris ? Comme si nous n’avions pas été assez arrogants en croyant que nous avions réduit 5 millions de Palestiniens à vivre comme des indiens (“natives Americans”) dans les réserves que nous leur laissions… »

Plus tard, dans la conversation, il m’a dit qu’il avait été soldat d’élite et qu’il avait tué des quantités de Palestiniens et qu’à l’époque il était « à l’aise avec ça ». « C’était comme descendre un paquet d’ordures, ce n’est pas agréable, mais ça le fait. » Et il a poursuivi : « Un jour, dans mon unité, l’un d’entre nous a protégé la vie d’un terroriste contre tous ceux qui voulaient le lyncher. C’est lui le héros. Tuer, c’est facile, c’est à la portée de n’importe quel imbécile. Voir l’Homme dans ton ennemi, c’est ce qui fait de toi un Mensch, un être humain. Ce jour-là, j’ai grandi en regardant ce que les héros savent faire. »

Et moi là-dedans ? Je ne suis ni israélienne ni palestinienne.

J’aime les deux peuples, chacun pour des raisons différentes. Plus qu’ils ne le peuvent imaginer. Je trouve les deux légitimes à vivre sur cette terre. Je reconnais les deux.

Partir ? J’ai choisi cette terre et ses habitants, et n’ai pas l’intention de les quitter. Depuis vingt-cinq ans que je vis ici, j’ai travaillé à mon échelle à rendre les voies de la conciliation possibles, à défaut de réconciliation avant longtemps. J’ai refusé d’épouser les discours de l’un contre l’autre. J’ai travaillé à ne pas me laisser empoisonner par la haine. Ce n’est pas faute de voir de quoi basculer. Je refuse d’avoir à choisir maintenant, même si le prix à payer est de me faire insulter des deux côtés.

Je ne suis ni israélienne ni palestinienne. Je ne prétends pas être neutre. Je prétends – comme l’ont dit les papes venus ici – que ce pays a besoin de ponts et non de murs. Je revendique de pleurer sur tous les morts, sans distinction de sexe, de religion, de parti politique. Je prétends que la situation dans laquelle nous sommes est la preuve qu’on ne peut pas continuer à ignorer les droits des Palestiniens à vivre dans la dignité, sur la terre où ils ont vu le jour et leurs pères avant eux.

J’ai dû prendre la décision de refuser d’intervenir dans des médias aux formats courts qui ne me donnent pas l’occasion de m’exprimer dans la nuance. Et d’ailleurs j’entrerai dans le silence avec soulagement.

Voir message entier dans le blog Resurgence, tenu par des Dominicains.

Je pleure aussi sur le Haut-Karabakh vidé de sa population arménienne.

Et si c’était nous qui étions chassés de notre pays ? Ne nous croyons pas à l’abri de telles injustices! Prions plus que jamais. Que notre vie soit prière!

La messe est la prière la plus puissante qui soit.

Louons Dieu avec le TE DEUM en français.

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