Les réfugiés, nos frères et sœurs.

Avant de discuter à ce sujet, écoutons l’un d’eux.

Hébergé au centre ILA de Chimay, Abhid a fait une demande d’asile et il espère une réponse positive du CGRA*. Dans cet interview, il essaie d’expliquer pourquoi il a quitté son pays. C’est à la demande et avec l’aide de Marie-Pierre Burnet, membre d’Amnesty International, qu’il a rédigé le texte qu’il lit avec beaucoup de difficulté.

A moins d’avoir un cœur de pierre, on ne peut pas rester insensible à la situation des primo-arrivants en Belgique. Écoutons-les donc avant de discuter. Essayons de comprendre, de nous mettre à leur place : « Si c’était moi qui avais quitté mon pays ? »

*Le CGRA:
https://www.cgra.be/fr

Je suis née ce matin-Au milieu de la mer -Je m’appelle Mercy. 

Ce sont les trois premières phrases de la chanson Mercy, écrite par le duo français Madame Monsieur.Ce chant raconte l’histoire de la petite fille nigériane née sur l’Aquarius au mois de mars 2017, trois jours après le sauvetage de sa mère par l’équipage du bateau humanitaire.

« Parce que nous sommes tous susceptibles d’être un jour sauvés, ou sauveurs. Parce que montrer la mer, un navire humanitaire et des visages terrifiés n’aurait rien apporté de plus au drame quotidien que l’on voit tous les jours dans les médias. Parce qu’on s’habitue malheureusement à tout, l’idée de ce clip était de faire figurer des éléments forts liés aux sauvetages, mais de les insérer dans un paysage qui d’ordinaire en est vierge. Avec ce clip de Mercy, nous avons voulu déplacer la question des migrants naufragés et des sauveteurs… Cette chanson appartient à tout le monde et ce clip est à vous maintenant…  » (duo Madame Monsieur)                                                                                                     

Pourquoi rejetterions-nous les immigrés bien intégrés ?

Bien-sûr, je ne parle pas des gens compliqués qui sabotent la démocratie. Qu’ils soient refoulés, ceux-là, les partisans de Daech ! Il est d’ailleurs bon qu’une sélection s’effectue directement dans les pays d’où partent les migrants. Ce choix s’effectue lorsqu’ils quittent leur pays en empruntant les couloirs humanitaires pour lesquels Sant’Egidio s’est engagé.

Le cours de français associé au sport favorise l’intégration.

Au cours de tennis de table, les réfugiés apprennent le français.
L’apprentissage de la langue du pays d’accueil est évidemment une étape importante pour l’intégration.

S’intégrer, ce n’est pas perdre les valeurs du pays d’où l’on vient, mais c’est créer des liens d’amitié avec les personnes du pays où l’on arrive et où l’on souhaite vivre heureux.

Il est bon de profiter de toutes les occasions pour apprendre à se connaitre.

Pour un monde uni, quid de la diversité religieuse ? Quid du racisme ?

« Dieu ne divise pas, il ne fait qu’unir ; c’est ce qui fait sa gloire. » E.Shoufani

En théorie, laïcité, chrétienté, bouddhisme et islam invitent à la convivialité.  Dans la pratique, ce n’est pas assez palpable.   Il y a même de gros dérapages.

Parfois on parle de racisme là où il conviendrait mieux de parler de négligence. Ce n’est pas par racisme si l’Europe met des limites à l’accueil, ou s’il y a des choses qui ne fonctionnent pas bien dans l’accueil des immigrés. Oui, c’est vrai, tous les demandeurs d’asile ne sont pas acceptés et beaucoup sont refoulés dans leur pays d’origine. Oui, c’est vrai, des immigrés en voie de régularisation sont parfois malmenés et leur sort n’est vraiment pas enviable.

Mais il est important de savoir que des Belges de souche souffrent aussi d’une forme d’abandon de la part de l’Etat. Par exemple, un agriculteur, un indépendant qui fait faillite n’a pas le droit au chômage ni au minimex, tandis que bien des réfugiés (mais pas tous!) ont ces droits sans jamais avoir cotisé. Ce n’est pas facile à accepter par des Belges en situation professionnelle difficile. Comment réagir si ce n’est en nous mobilisant afin pour que TOUS aient accès à la sécurité? De l’argent il y en a, mais hélas il est mal réparti.

La Belgique, raciste ?

Même s’il y a des dérapages, on essaie d’y vivre d’amour.

Fait de vie. Ayoub raconte: « Nous allons à l’école API à Marchiennes pour apprendre le français.   C’est l’abbé J.M. Georgery qui a lancé cette école, API. Maintenant il est vieux, mais il vient souvent nous dire bonjour. Les Chrétiens font beaucoup de choses bien !! » « Oui, ce prêtre a compris très tôt la nécessité d’intégrer les réfugiés. C’était il y a une cinquantaine d’années. Point de vue société, les Chrétiens sont souvent en avance. L’Etat a créé d’autres écoles du même type par la suite. »

En Belgique, il est interdit d’être raciste, de faire des clans, de rejeter certaines couches de population. La Belgique, façonnée par « les Droits de l’Homme » eux-mêmes façonnés par l’enseignement chrétien, la Belgique est tolérante. Elle accueille des gens de toute race ; elle les encourage à conserver leurs « bonnes » coutumes et elle leur permet d’exercer leur religion. Tous les enfants ont accès à l’instruction, quelle que soit leur origine ethnique, religieuse. (On m’a parlé d’une classe de primaire, à Schaerbeek, où il y a 17 nationalités pour 22 élèves)

La Belgique aide chaque ado et adulte à s’intégrer à travers les formations professionnelles, les rencontres interculturelles.  Une demandeuse d‘asile africaine ne cessait de dire : « Ici, c’est vraiment bien ! » Elle faisait la comparaison avec son pays où il y a des clans, où tous les enfants ne vont pas à l’école, où les soins de santé sont très chers et donc pas à la portée de tous. La Belgique est, non seulement tolérante, mais généreuse.

Si la Belgique n’est pas raciste dans sa constitution, cela n’empêche pas des individus de l’être, hélas. Pendant la guerre, les Juifs ont d’ailleurs beaucoup souffert du racisme de certains Européens qui sont allés jusqu’à les dénoncer aux Allemands, nos ennemis de l’époque. La honte!

« Raciste ? Pas raciste ? »


Fait de vie : Ayoub est fâché :

-Dites-moi ce que vous pensez. Est-ce du racisme ? J’ai fait une demande pour faire une formation de soudure. J’ai bien réussi les tests, sauf en math. A l’école API, ils m’ont donné des cours de math et j’ai repassé mon examen. Cette fois j’ai réussi.  J’étais donc très heureux car je pensais que je pourrais faire une formation de soudeur. Je m’ennuie tellement ! Je voudrais travailler ! Et là, vlan ! On m’a dit que j’étais trop vieux ! Est-ce du racisme ? Ai-je tort de me fâcher ?

– Je comprends que tu sois fâché ! Je le serais moi aussi dans des circonstances pareilles. Mais des Belges connaissent les mêmes déboires que toi! Donne-moi tes documents et je vais les montrer à une personne qui travaille au Forem et qui n’est pas raciste. Elle te dira ce qu’elle en pense et, si elle peut t’aider, elle le fera. 

… Tu sais il y a maintenant beaucoup de chômage en Belgique. Si tu acceptes n’importe quel travail, il y a moyen de trouver du travail, car parfois les Belges font des caprices et refusent certains emplois. Sois courageux et tu trouveras, si Dieu le veut ! Inch’Allah! Ne te décourage pas mais fais des formations dans les domaines où il manque de main d’oeuvre. Courage!

Le racisme est interdit aussi en Islam.

http://amourislam.over-blog.com/article-2337046.html

Le Saint Coran a aboli le racisme de façon catégorique et précise.

« Si ton Seigneur voulait, Il ferait de tous les hommes une seule nation et ils ne cesseraient (quand même) pas d’être en désaccord, sauf ceux que ton Seigneur a touchés de Sa grâce. Et c’est bien pour cela qu’Il les a créés ».
Sourate 49 :13

« Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allah, est le plus pieux » Sourate Hûd verset 118 et 119 :

Charles de Foucauld, frère universel.


https://fr.aleteia.org/slideshow/charles-de-foucauld-en-images/2/


https://fr.aleteia.org/2020/05/29/ce-miracle-qui-va-faire-de-charles-de-foucauld-un-saint/

Une personnalité bien intégrée: Ryad Boulanouar

Quel bonheur quand un enfant né de l’immigration « perce » le mur qui sépare les familles immigrées des autres!

Ryad Boulanouar évoque son histoire, celle d’un fils d’immigrés, qui a pu devenir ce qu’il est, grâce à l’école de la République. Très jeune, Ryad Boulanouar a été un petit génie de l’informatique et de l’électronique. Cet ingénieur surdoué et survolté vient d’inventer le premier compte bancaire sans banque qu’on peut ouvrir dans un bureau de tabac avec une simple carte d’identité. »  (TF1 23/02/2014 : Parcours sans faute.)

Un faiseur de pont en Palestine, bon exemple à suivre: Emile Shoufani.            

Emile Shoufani, natif de Nazareth, arabe, israélien chrétien de l’Eglise orientale, catholique. Emile Shoufani est interviewé par le journal « Dimanche »

J. D :   Vous êtes aussi un homme de dialogue, de paix, passeur, jeteur de ponts. Ces dénominations vous conviennent-elles également ?

E. S. Oui, j’ai toujours été passionné du dialogue…

J.D.: Comment devient-on tout cela à la foi ?

E.S. « …J’ai choisi d’être cet homme qui peut faire le passage d’une culture à l’autre, d’une religion à l’autre, tout en voyant ce qui est beau et bon chez chacun d’entre nous. …

Quelques propos d’E. Shoufani :

« Je suis chrétien mais je me sens aussi juif et musulman. Je suis très proche d’eux. Je peux entrer dans une synagogue ou une mosquée et suivre une prière avec eux, je peux vivre avec, car j’ai choisi l’unité. Rien ne me sépare de cette réalité-là, rien ne me sépare de l’humain et c’est cette recherche d’unité qui a toujours mené mon action, dans ma paroisse de Nazareth et avec les autres communautés chrétiennes, juives ou musulmanes, parce que nous sommes issus de la même création divine. Dieu ne divise pas, il ne faut qu’unir ; c’est ce qui faut sa gloire.

J.D.: Vous devez être particulièrement meurtri face à ce qui se passe dans votre pays ; la recrudescence de violence à Gaza, par exemple ?

E.S:  Je ne défends aucune position politique. Je ne suis ni pour ni contre.  Ma première attitude est de pleurer avec la mère palestinienne qui a perdu son fils, tout en pleurant avec l’épouse juive qui n’a plus de maison. Je ne veux pas savoir qui a raison, mais je pleure avec elles.  C’est une voie sans issue de chercher des coupables ; il faut plutôt chercher la conversion des cœurs, qui est un élément essentiel à la compassion, à la compréhension. Je suis pro-juif, pas contre les Palestiniens ; je suis pro-Palestinien, pas contre les Juifs ; je ne suis pas anti-quelqu’un.

Aujourd’hui nous sommes dans l’impasse. Ou bien, nous allons arriver à un compromis pour retrouver deux états vivant l’un à côté de l’autre ; ou bien nous allons tout simplement nier l’autre. Pour se sortir de cette lutte interne, il faut lui donner une dimension spirituelle : le changement du cœur ; l’acceptation de l’autre, sa reconnaissance. Et moi, je suis très content dans l’avenir. Comme a dit un jour le Premier ministre Yitzhak Rabin : « Ça suffit ! » (Suite Journal Dimanche Déc 2012)

Pas raciste du tout mais compatissant, cet éducateur du centre ILA.

  « Quand des personnes nous quittent sans avoir été régularisées, nous sommes angoissés : Si on les oblige à quitter le territoire, que vont-elles devenir ? Elles seront à la rue ! La plupart ne retourneront pas dans leur pays, préférant mourir ici que là-bas. » 

Le CIRE.

https://www.cire.be/declaration-des-primo-arrivants-une-integration-obligee-mais-a-quoi-carte-blanche/

Michel Berger compatissait au sort des réfugiés.


https://www.youtube.com/watch?v=VbyKJ3xm1Sg

Voir aussi:

Retour sur le passé. L’immigration du 20ème siècle vers l’Europe
https://allez-yalla.com/index.php/2020/05/07/2-2-retour-sur-le-passe-limmigration-du-20eme-siecle-vers-leurope/

Bonne nouvelle. La paix entre nous est possible.
https://allez-yalla.com/index.php/2020/05/06/3-bonne-nouvelle-la-paix-entre-nous-est-possible/

Invités à la messe célébrée à Rome et envoyés.

En raison de la pandémie, le pape accepte que sa messe quotidienne soit diffusée sur les réseaux sociaux. Très bonne chose. Voici celle du 5 mai 2020.

NB: Pour pénétrer dans l’enceinte du Vatican, il est bon d’être débarrassé de ses préjugés. Chacun sait que le pape François aime célébrer la messe en toute simplicité dans des quartiers pauvres, et aussi en présence des migrants. Mais il est le berger de tous: riches et pauvres, ecclésiastiques et laïcs, … Il s’adapte à toutes les situations.

Messe du pape François du 5 mai 2020 à la chapelle Sainte Marthe.
Découvrez les lectures et le message du pape à partir de 7 minutes 30 secondes (quand on voit une religieuse).

AELF

NB: Chaque jour l’Eglise propose des lectures bibliques différentes. Elles sont lues dans le monde entier et chacun peut les lire et les méditer longuement afin d’en tirer tout le suc qu’elles contiennent.
https://www.aelf.org/

Voici les lectures du 5 mai 2020:
https://www.aelf.org/2020-05-05/romain/messe

La messe: un repas mystique, un temps de convivialité spirituelle.

La dernière Cène, église de Bourlers.
Chef d’oeuvre en péril puisque l’église se détériore à grande vitesse.

La messe nous envoie servir le monde.

Messe pour les migrants à Rome.

Migrants: le Pape dénonce les cœurs anesthésiés face à la misère d’innocents


Journée des migrants: un appel du Pape à se libérer des exclusions

La charité pour les périphéries existentielles

Dans son homélie, s’appuyant sur les Écritures saintes, en particulier le livre de l’Exode, le Pape François a souligné l’importance d’accorder une attention particulière aux étrangers, aux orphelins et à toutes les personnes rejetées de nos jours. Le thème de cette Journée mondiale le rappelle: «Il ne s’agit pas seulement de migrants».

«Il ne s’agit pas seulement de migrants».

«Le Seigneur nous demande de restaurer leur humanité, en même temps que la nôtre, sans exclure personne, sans laisser personne en dehors»

Réfléchir aux injustices

Simultanément à cet exercice de la charité, Dieu demande aussi de réfléchir aux injustices qui engendrent l’exclusion, en particulier ces privilèges de quelques-uns qui, pour être conservés, se font au détriment de beaucoup de personnes.

«Malheur à ceux qui profitent et vivent bien tranquilles dans Sion, qui ne se soucient pas de la ruine du peuple de Dieu qui s’étale pourtant aux yeux de tous. Ils ne s’aperçoivent pas du désastre d’Israël, car ils sont trop occupés à s’assurer une belle existence, des mets délicats et des boissons raffinées». (Amos 6:1.4-7)

Insensibilité et indifférence contemporaines

«Aujourd’hui encore une «culture du bien-être […] nous amène à penser à nous-mêmes, nous rend insensibles aux cris des autres, […] porte à l’indifférence envers les autres, et même à la mondialisation de l’indifférence»

«La grâce de pleurer»

«Comme chrétiens, nous ne pouvons pas être indifférents face au drame des anciennes et des nouvelles pauvretés, des solitudes les plus sombres, du mépris et de la discrimination de ceux qui n’appartiennent pas à “notre” groupe. Nous ne pouvons pas demeurer insensibles, le cœur anesthésié, face à la misère de tant d’innocents. Nous ne pouvons pas ne pas pleurer. Nous ne pouvons pas ne pas réagir», a-t-il déploré, développant en conclusion le sens du commandement «Tu aimeras ton prochain comme toi-même».   

Toucher les plaies

«Aimer son prochain comme soi-même veut dire s’efforcer de construire un monde plus juste, ressentir de la compassion pour la souffrance des frères et des sœurs, s’approcher d’eux, toucher leurs plaies, partager leurs histoires; cela signifie se faire les prochains de tous les voyageurs malmenés et abandonnés sur les routes du monde, pour soulager leurs blessures et les conduire au lieu d’accueil le plus proche».

Terminons par la messe du pape du 6 mai à Rome.

« Moi, je suis la lumière du monde, dit le Seigneur.
Celui qui me suit aura la lumière de la vie. »