Pleine conscience et foi chrétienne : non, ce n’est pas incompatible !

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Mais pourquoi donc les salles de yoga sont-elles plus remplies que les églises? Et pourquoi retrouve-t-on des chrétiens dans les séances de pleine conscience? Pour Françoise Rassart et Marie Tempels, catholiques engagées et formatrices en méditation pleine conscience, celle-ci peut nourrir la prière.

Un mot sur notre propre expérience, tout d’abord.
« Je m’appelle Françoise. Lors d’une retraite bouddhiste obligatoire au cours de ma formation d’instructrice en pleine conscience, à l’ULB, j’y rencontre des chrétiens. Je leur demande ce qu’ils font là. Ils me répondent: « On vient faire une retraite de pleine conscience pour apprendre à prier parce qu’en Eglise, on ne nous l’apprend pas ». Alors que je me nourris moi-même de la prière quotidienne ignatienne et de l’adoration, je reçois leur réponse comme une gifle. Progressivement émergera alors en moi cette évidence: il faut réconcilier la méditation chrétienne avec la méditation laïque de pleine conscience. »

« Je m’appelle Marie. Avant de me lancer dans ma formation d’instructrice en pleine conscience, à l’UCLouvain, j’en parle à mon accompagnateur spirituel de l’époque. Sa réponse est sans appel: je lui donne tout simplement l’impression de m’écarter de la foi, voire d’entrer dans une secte. Bien qu’au cours de ma formation, je n’ai jamais senti ma foi menacée, mais au contraire enrichie, j’ai continué de recevoir des « avertissements » de différentes personnes en responsabilité dans l’Eglise. »

Comme un « marchepied » vers la prière

Selon son concepteur, Jon Kabat-Zinn, la Pleine Conscience (Mindfulness) consiste à porter délibérément son attention dans l’instant présent, sans jugement, aux choses telles qu’elles sont. Outre ses bienfaits sur la santé, scientifiquement prouvés depuis longtemps, cette méditation répond surtout à la soif de nos contemporains de prendre des temps de pauses, de faire silence au milieu de vies surchargées. Certains chrétiens, cherchant à concilier cette vie stressante avec leur foi, se sont réapproprié cette méditation comme un « marchepied » vers la prière.
Les grands priants parmi nous pourraient rétorquer: « Mais il ne faut pas passer par la pleine conscience pour apprendre à prier! » Ils ont tout à fait raison. La majorité des chrétiens prie sans avoir jamais fait de pleine conscience et c’est très bien! Mais vous est-il déjà arrivé, dans une chapelle, de « juste » faire silence? Est-ce quelque chose que nous avons appris? Pendant la prière, savons-nous pourquoi toutes sortes de pensées, de distractions ou de ruminations viennent nous envahir? Et savons-nous comment y faire face? Le silence peut en angoisser plus d’un…

Le berceau de Dieu

C’est ici que la pleine conscience peut nous soutenir. Elle nous permet d’apprivoiser le silence, et nous aide ainsi à nous glisser dans la prière – car « le silence est le berceau de Dieu », nous dit Maurice Zundel. La méditation peut aussi être vue comme une salle d’attente où l’on se déshabille du superflu pour laisser le divin nous revêtir, selon la jolie formule du géographe Eric Julien. Le psychiatre chrétien Christophe André affirme pour sa part que « la méditation n’a pas pour vocation de se substituer à la prière mais de la rendre plus profonde et plus féconde ».
Soyons clair: la pleine conscience est la présence de moi à moi. La prière est une présence à Dieu qui est présent en moi, en chaque personne que je rencontre et dans le monde. « C’est un dialogue silencieux avec Celui dont je me sais aimé », pour reprendre les mots de Thérèse d’Avila. Mais comment être présent à Dieu si je ne sais pas comment être présent à moi-même, parce que j’ai peur de découvrir ce qu’il y a en moi?

Encore plus heureuse dans sa vocation

Oui, nous croyons que foi et pleine conscience peuvent se concilier. D’ailleurs, les sessions que nous animons sur « Pleine Conscience et quête de Dieu » attirent différents publics. Notamment des personnes éloignées de l’Eglise, qui cherchent à re-trouver le silence. Emerveillées par la prière monastique, elles peuvent se réconcilier avec l’Eglise. Nous touchons aussi des chrétiens qui ont des difficultés dans leur prière personnelle parce qu’assaillis de pensées et peinant à apprivoiser le silence. Ou encore des chrétiens bien ancrés dans leur vie spirituelle mais qui vivent des souffrances psychologiques. Nous pensons par exemple à cette religieuse, heureuse dans sa communauté, mais souffrant d‘un grave trouble psychique. Ayant suivi assidument un cycle de méditation pleine conscience sur les conseils de son psychiatre, elle a pu se retrouver, quelques mois plus tard, stabilisée dans sa maladie et encore plus heureuse dans sa vocation, rayonnant de la joie de Dieu.

Marie TEMPELS et Françoise RASSART

Vous désirez expérimenter?

Deux formules existent.
– En une journée. Rejoignez-nous à l’église Notre-Dame d’Espérance de Louvain-la-Neuve, le samedi 2 mars de 9h à 17h (inscription: marie.tempels@gmail.com)
– En un week-end. Diverses dates vous sont proposées, à la Pairelle, dans les abbayes de Brialmont et de Scourmont, et au monastère Sainte-Claire (rendez-vous sur www.valdakor.be)