Pour approfondir notre recherche.

Les dessins de Coolus de la Croix Glorieuse.

Par ses dessins, Coolus explique simplement la Parole de Dieu.
https://lapin-bleu.croixglorieuse.org/

image google – La communauté monastique de l’abbaye Notre-Dame de Scourmont. (Chimay)

Homélie de don Armand Veilleux. Scourmont.

    Jésus avait vraiment manqué de diplomatie.  Il avait réussi à se mettre toutes les autorités du peuple à dos, en les appelant « sépulcres blanchis », en les comparant à des vignerons homicides, en les accusant d’empêcher le peuple d’entrer dans le royaume, et en leur rappelant qu’ils avaient transformé le Temple en caverne de brigands.  Même à l’égard du peuple, il n’avait pas été plus tendre, le comparant à un figuier couvert de feuilles mais ne produisant pas de fruits.  Plus grave encore, il s’était mis du côté des petits et des opprimés.  Et dans ces circonstances le dernier mot est toujours aux violents.

            Cette année, en ce Jour du Dimanche des Rameaux, nous lisons la Passion selon saint Marc.  Or Marc est un narrateur très concret, qui a sans doute, comme les autres Évangélistes, sa vision théologique propre, mais qui nous livre généralement les faits dans leur état brut, sans interprétation. 

            Au cours des siècles, diverses interprétations de la passion du Christ ont été élaborées par les prédicateurs et les théologiens.  Durant le premier millénaire de l’histoire de l’Église, on trouve chez beaucoup de Pères le thème du rachat.  Le démon serait devenu en quelque sorte propriétaire de l’humanité depuis la première faute, et la mort du Fils du Dieu aurait été la rançon payée par le Père pour le rachat des hommes.  Depuis Anselme de Cantorbéry, au 11ème siècle, prévaut une autre interprétation, de caractère juridique.  Le Fils de Dieu se serait fait homme pour expier à notre place notre péché et ainsi apaiser son Père courroucé.  Aucune de ces interprétations théologiques n’est acceptable à notre sensibilité spirituelle et théologique d’aujourd’hui.  C’est pourquoi il est bon de faire abstraction de toutes les interprétations et de relire les faits dans leur objectivité brutale, tels que nous les décrit Marc.

             Les faits sont simples: Jésus est dérangeant, et surtout le message qu’il proclame est dérangeant.  Autour de sa personne se développe une animosité qui devient graduellement de la violence — une violence aveugle, de plus en plus communicative.  D’abord le fait de quelques membres du sanhédrin et de la secte des pharisiens et de celle des Sadducéens, elle s’étend à tout le peuple qui finit par crier d’une seule voix : « Crucifie-le ».

             En relisant ce récit dans le contexte actuel de la guerre en Irak et de la situation de conflit en beaucoup d’autres points du monde, j’ai été étonné de constater l’importance qu’y tient la réalité de la violence et du pouvoir.  Non seulement Jésus, qui a toujours refusé le pouvoir, refuse aussi de se défendre ou de se laisser défendre par la force, mais son Père apparaît aussi sans pouvoir.  Celui qu’on appelle dans le Credo le « tout-puissant » n’a pas pu sauver son fils de la violence et de la malice des hommes.

             Jésus comme son Père, à l’aveugle violence des hommes ont opposé le pouvoir de l’amour et du pardon.  Jésus s’est solidarisé avec les victimes de la violence de toute l’histoire de l’humanité, qui sont toujours vaincues dans l’immédiat par la puissance de leurs agresseurs.  Mais en refusant de répondre à la violence par la violence, il s’est assuré la victoire définitive par les armes de l’amour.

             Nous n’avons pas à imaginer notre libération comme le fruit du paiement d’un rachat ou comme une peine subie à notre place par le Fils de Dieu.  La violence est au cœur de tout être humain et au cœur de l’humanité. C’est en se situant du côté des victimes de la violence que Jésus nous a libérés de celle-ci, démontrant l’aberration que serait la recherche de la libération par la violence et encore plus tout effort d’imposer à d’autres la libération par la violence.  Toutes les voies de libération sont vouées à l’échec sauf celle de l’amour qui est celle que Dieu et son Fils ont choisie.

Pâques, c’est dimanche.
Frère Raphaël Devillers, dominicain

Lorsque vers la fin de ce qui sera notre premier siècle, Jean rédige son évangile, la foi continue à se répandre mais partout elle se heurte à l’incrédulité : « Jésus ressuscité ? Je n’y croirai que si je le vois ! ». N’est-ce pas au fond une objection humaine normale ? Jean nous raconte même qu’elle a bloqué un apôtre : le célèbre Thomas dont le mot hébreu signifie jumeau et qui est en effet le prototype de millions de gens qui lui ressemblent.

Pourtant Thomas avait devant lui les hommes les plus adéquats pour le convaincre : les 10 apôtres, ses collègues. Tous unanimes lui racontaient l’expérience unique qu’ils avaient faite la veille alors qu’il était absent.

A la fin du sabbat, ils s’étaient réunis dans une maison et en avaient verrouillé les portes tellement ils craignaient de voir surgir la police qui devait chercher les collaborateurs de ce Jésus que Pilate avait fait exécuter. Hébétés par l’échec final de leur maître, tremblants de peur devant la menace policière, ils étaient en outre totalement écrasés de honte. Jamais ils n’avaient péché aussi gravement, jamais ils ne se seraient crus capables de trahir ce maître si bon. Tous lui avaient fait le serment de mourir pour lui et tous s’étaient enfuis, l’abandonnant aux mains de ses ennemis. Pierre, le roc, s’était effrité comme de la poussière. Tous se voyaient voués à l’enfer.

Et tout à coup, dans ce huis clos des hommes aux mains sales et aux cœurs souillés,

Jésus vient et il était là au milieu d’eux.

Il n’est pas le fruit de leur hallucination, il n’est pas une construction pour guérir de leur tourment : il vient à eux. Ni la pierre du tombeau, ni les murs ni les cadenas ne peuvent empêcher sa survenue. Il vient d’un autre monde. Mais c’est bien lui, le même, celui qu’ils ont connu. En une fraction de seconde, l’idée a surgi qu’il allait déchainer contre eux sa colère, les condamner pour leur trahison. Mais non.

« Il leur montre ses mains et son côté en disant: « Shalom : la paix soit avec vous ».

Vos remords qui vous rongent, votre peur qui vous tord, votre tristesse qui vous écrase : tout cela je vous l’enlève, je le supprime, je l’anéantis. Ma passion, les ricanements, le fouet, les épines, les clous, la lance : j’ai vécu toute cette horreur pour vous. Car il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis.
Vous me suiviez pour sauver le monde : apprenez d’abord à être sauvés.

La mission

En cet instant, un torrent d’une joie inouïe submerge les apôtres et ils se sentent comme ressuscités.

Une 2ème fois, Jésus répète :

« Paix à vous. De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ».
Il envoie son souffle sur eux et dit : « Recevez l’Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez les péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus ».

L’apparition pardonne, remplit de paix et de joie et envoie en mission universelle. Le Christ a achevé l’œuvre reçue de son Père et qu’il a pu accomplir par la puissance de son Esprit. Désormais cette action doit se répandre partout par la parole qui la proclame. Les disciples ne seront pas les exécutants d’un ordre car la mission est un flux unique : le Père est amour et, par l’Esprit, son Fils a diffusé cet amour jusqu’au point maximum de la mort. Maintenant il transmet cet Esprit à ces hommes pour qu’ils répandent ce même amour dans tous les peuples jusqu’à la fin du monde. Ne condamnez pas le monde, ne le dirigez pas : proposez-lui le pardon.

Une paroisse qui organise des projets, qui planifie un programme, qui croit qu’avec de l’intelligence, de la bonne volonté et des ressources suffisantes, on remplit sa tâche pour organiser la liturgie et aider les pauvres n’a pas encore compris la profondeur de ce qu’est « la mission ». L’Eglise n’est pas une entreprise de conversion mais un élan de divinisation, de pacification de l’humanité.

Jamais peut-être n’a-t-on aussi fortement souligné le scandale de la résurrection : Pierre et tous les apôtres peuvent bien raconter mille fois ce qu’ils ont vécu, insister tant qu’ils le peuvent, manifester par leur changement l’authenticité de leur témoignage, Thomas demeure incrédule. Le Ressuscité peut bien passer les murs : il ne peut pénétrer dans un cœur qui le refuse. La puissance divine s’arrête au seuil de notre liberté.
Aussi ne soyons pas surpris si nous-mêmes ne parvenons pas à transmettre ce qui nous tient tant à cœur.

La situation est bloquée. Que faire ?

Rendez-vous dimanche prochain

Huit jours plus tard les disciples se trouvaient dans la maison, portes verrouillées, et Thomas était avec eux. Jésus vient, il était là au milieu d’eux et dit : « Paix à vous ». Il s’adresse à Thomas : « Avance ton doigt, vois mes mains : cesse d’être incrédule mais croyant ». Thomas dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu ».

On dirait que le Ressuscité fait une concession à Thomas mais elle est exceptionnelle: il comprend sa requête puisqu’il ne la condamne pas et il faut que le groupe entier des apôtres fasse l’expérience de Pâques. Mais dorénavant chaque humain est invité à rejoindre le groupe des croyants le 1er jour de la semaine qui est le jour où la communauté se rassemble.

Puisqu’aujourd’hui où, selon l’expression classique, nous sommes « 8 jours après Pâques », nous avons grand intérêt à méditer sur cette nouvelle manière de vivre le temps et sur l’importance essentielle de ce jour que la société a défiguré. On nous a convaincus que samedi-dimanche constituaient le week-end, la fin de semaine. Après les courses aux magasins, les randonnées vers la résidence secondaire ou la recherche d’un restaurant gastronomique, beaucoup se débrouillent pour « avoir sa messe », pas trop longue, vite fait bien fait. Et, en pestant, le lundi matin, on reprend le boulot pour une nouvelle semaine. Archi-faux !!

Les premières générations chrétiennes ont lutté, contre les païens et contre les Juifs, pour modifier la façon de vivre. Faire du 1er jour de la semaine le jour de fête primordial était une singularité bizarre pour l’entourage et cela attirait dérision et sarcasmes. Cette pratique désignait nettement les nouveaux chrétiens lorsque des vagues de persécutions se déclenchaient. Mais pour eux, leur vie nouvelle pivotait autour de cette expérience que les apôtres avaient vécue et que nous venons d’évoquer.

Dans la maison de l’un d’eux, on se rassemblait et on fermait les portes. Il y avait là des gens de tous âges et de toutes conditions. Jeunes et vieux, riches et pauvres, personnalités en vue et dockers s’accueillaient comme des frères. Plusieurs avaient peur, tous reconnaissaient qu’ils étaient pécheurs.

Et le Ressuscité venait au milieu : ils prenaient conscience qu’aucun d’entre eux, ni le président ni le plus cultivé, n’était le centre de leur relations. Ils n’exigeaient plus de le voir mais ils écoutaient sa Parole de feu. Les Ecritures leur prouvaient que Dieu agissait pour sauver l’humanité de la violence et de la guerre. Hors de toutes écoles, ils étaient éclairés par une Vérité qu’ils ne recevaient de personne d’autre. Ils apprenaient à vivre et comment peu à peu on devient un homme et on construit le monde.

Ils n’exigeaient plus de le toucher mais, bien mieux, ils le consommaient comme Pain de Vie. Eparpillés dans le monde, opposés par leurs caractères, dissemblables par leur condition sociale, ils se voyaient unis dans le Ressuscité, recueillis par lui, réconciliés. Partageant un même pain, ils devenaient un seul Corps.

Ils ne voyaient pas le Messie : ils l’étaient. Et leur joie était telle qu’ils n’avaient qu’une envie : annoncer la Bonne Nouvelle d’un Dieu qui n’est qu’amour, d’un Fils qui laisse percer son cœur pour que nous y entrions, d’un Esprit qui est élan de partage. Aussi l’assemblée envoyait les croyants en plein monde ; pleins de l’Esprit, ils n’avaient qu’un désir : transmettre le pardon de Dieu.

Le dimanche n’était pas une routine fastidieuse, un rite obligatoire expédié pour clore la semaine. Tout au contraire, il était la Lumière originelle qui s’allume et va éclairer toute la semaine qui vient. Le dimanche était Jour du Seigneur, jour de l’assemblée, jour de la réconciliation, jour de la Parole, jour de l’Eucharistie, jour de la Paix, jour de la joie, jour du bonheur, source d’une vie signifiante. « Heureux ceux qui croient sans voir ».

Thomas nous dit : Ne demandez pas à voir le Ressuscité. Vivez de sorte que l’on pressente qu’il est au milieu de vous et qu’il justifie votre vie.

Conclusion de l’Evangile

Tout est dit : Jean peut achever son livre.

Jésus a fait beaucoup d’autres signes devant les disciples. Mais ceux-ci ont été écrits afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu et afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son Nom.

Lire l’Evangile, chemin de signes qui orientent notre existence pour nous conduire à confesser, comme Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu ».
Alors nous vivons. Alléluia !

Frère Raphaël Devillers, dominicain

Résurgences 

par Raphaël Devillers, dominicain  https://resurgences.be/2eme-dimanche-de-paques-annee-a-19-avril-2020-evangile-de-jean-20-19-31/

Frère David Johnson, sauvé le lundi de Pâques.

Frère David Johnson est un grand roux de 34 ans tombé amoureux de la Syrie et des communautés de chrétiens qui y vivent. « Avant d’arriver au Moyen-Orient, je ne savais même pas que des chrétiens y habitaient, or ils sont 2 millions ! », se souvient-il. Le religieux s’est installé dans le monastère de Saint-Jacques le Persan, à Qara en Syrie. Celui-ci regroupe des moines de huit nationalités, dont aucun n’a voulu fuir le pays malgré la guerre civile.

Il salue innocemment des soldats

Lundi de Pâques 2012. Alors qu’un convoi de « l’Armée syrienne libre » (FSA) passe devant le monastère, le frère Johnson les salue de la main, comme il aurait salué un voisin dans son Colorado natal. Mais la situation est tendue, la FSA est en guerre contre le régime de Bachar el-Assad, et ces militants trouvent louche cet étranger qui ne semble pas avoir peur d’eux… Ils l’arrêtent donc, l’accusant d’être « un espion à la solde des Américains ». Johnson se confie : « Au lieu de paniquer, ma communauté s’est immédiatement rendue à l’église pour commencer la liturgie. Ils se sont mis à prier et à célébrer la messe. J’étais dans les mains de Dieu et ne ressentais aucune peur ».

En paix parmi les fusils d’assaut

Ressentant une étrange paix, et même de la joie, le frère Johnson s’est mis à chanter la Résurrection de Jésus à ses ravisseurs dans leur langage natal. Ils furent d’abord surpris, mais le frère réalisa qu’ils l’écoutaient attentivement. « Ils m’ont dit : ‘Nous n’avions jamais entendu cela avant ! Pourquoi ne pas le chanter à nouveau ?’. Alors j’ai recommencé : ‘Le Christ s’est relevé de la mort, abattant la mort par la mort, et à ceux qui gisent dans la tombe, Il a donné la vie’. Les militants se sont mis à rire et à battre des mains ». Ils décidèrent alors de le ramener dans son monastère, mais avant cela, ils souhaitèrent montrer à leurs amis le « frère américain chantant ». « Ils m’ont amené pour faire découvrir les chants de la Résurrection à un groupe de soldats, et ils battaient tous des mains ! Je croyais rêver ! J’avais l’impression d’être entré dans une dimension parallèle », se rappelle le frère Johnson.

Libéré et applaudi

Bien que le moine avance que sa capacité à parler la langue des militants a dû contribuer à sa libération immédiate, il se dit convaincu que les prières de ses frères et le nom de Jésus l’ont sauvé en ce jour de Lundi de Pâques. C’est pourquoi, il conseille à tous ceux qui se préoccupent du terrorisme islamique au Moyen-Orient de prier. « Priez, priez, priez », enjoint-il, et ayez confiance en la sagesse de Dieu. »

CARLO CARETTO – UN PEUPLE EN ATTENTE.

Voilà ! L’humanité est en attente de Dieu. Le peuple élu qui, lui, marche en tête, plus sensible à l’attente, fixe son regard sur l’horizon. Désormais le Messie doit être proche. Que cherche en lui ce peuple, son peuple ? Quels traits s’attend-il à découvrir à première vue, sur le visage du Messie ? La puissance, la gloire, la lumière éblouissante, le triomphe.

Et que voit-il arriver ? La faiblesse, la petitesse, l’obscurité, l’anonymat. Qui a reconnu la venue de Dieu sous les apparences charnelles d’un petit enfant sans défense ? Personne ! Marie, la pauvre maman de Jésus, tient dans ses bras l’inconnu des nations, le vrai “Dieu caché” d’Isaïe. Parmi tous ceux qui l’attendaient, aucun ne l’a reconnu. Personne n’est venu de Jérusalem, la ville sainte, piédestal du trône de Dieu !

Ce fut pire encore ! Quelqu’un s’est déplacé, mais pour tuer l’importun qui venait de manière si différente de ce que l’on attendait. Le peuple le plus religieux de la terre, le peuple élu ne vivait que de cette attente, et cette attente était devenue fièvre, cela se sentait dans l’air. Que cherchait ce peuple scrutant l’horizon messianique, l’aurore de toutes les prophéties ? Il cherchait le Fils de David, le vainqueur, le Dieu des armées, celui qui devait restaurer le royaume, celui qui devait enfin chasser les Romains détestés ! Triomphe, victoire, sécurité : toujours le même rêve !

Et qu’arrive-t-il ? Un pauvre ouvrier, obscur dans un village obscur, et, qui plus est, méprisé. Il n’y a rien à faire, après tant d’années d’attente, personne ne s’est aperçu de sa venue. Les regards cherchaient bien autre chose que la sueur d’un travailleur ou l’anonymat d’un pauvre !

Et comment finit cette histoire ? Le conflit entre Celui qui se dit le Fils de Dieu, le Messie, et ceux qui ne peuvent accepter une telle manière de procéder, ce conflit atteint son paroxysme et se résout par la crucifixion d’un innocent.

Dites-moi, si aujourd’hui, Bethléem, Nazareth, le Calvaire, ne sont pas la démonstration du silence de Dieu, de la pauvreté de Dieu, de ces voies qu’il parcourt en réalité pour venir à nous et se faire connaître ! Et ces voies sont ténèbres ! Oh ! Non point ténèbres pour lui, non point ténèbres en elles-mêmes, car rien n’est plus lumineux que l’anéantissement de Jésus à Bethléem, que la réalité de l’Incarnation à Nazareth, que l’amour infini et libérateur du Calvaire. Tout cela est lumière, et quelle lumière !

Mais cela est ténèbres pour nous qui aimons faire parler de nous, tandis que Dieu est silencieux. Cela est ténèbres pour nous qui voulons la puissance, tandis que Dieu est douceur. Cela est ténèbres pour nous qui voulons jouir, toujours jouir, alors que Dieu, lui, est service et amour gratuit et souvent douloureux.

Le Dieu qui vient, p. 126-127. 

Dimanche des rameaux.13 avril 2003.

Is 50, 4-7 ; Ph 2,6-11 ; Mc 14,1-15,47

Adresse : https://www.citeaux-abbaye.com/images/pdf/lecture_des_vigiles.pdf  Vous pouvez trouver ici les lectures quotidiennes que les moines entendent au cours de l’office de nuit.

« Je sais, Moi, les desseins que je forme pour vous, desseins de paix et non de malheur, pour vous donner un avenir et une espérance. »   (Jr 29 :11)

 Christian DUQUOC.


Le Vivant.

Les récits évangéliques des apparitions sont des récits de communication. Avec un mort, aucune communication n’est plus possible : la mort est la cessation définitive de toute relation. Le mort peut vivre dans le souvenir, sa parole peut être source d’action : le prophète, le sage, l’être aimé vivent dans la mémoire des hommes ; mais ils ne sont plus là pour reprendre leur parole, celle-ci est désormais la possession de ceux qui se souviennent. Jésus est mort : sa parole sur le royaume demeure prisonnière de sa mort. Les disciples se la rappellent sur le chemin d’Emmaüs, ils s’en souviennent comme d’une espérance inouïe, mais aussi comme d’une déception totale et profonde.


Or l’expérience pascale consiste précisément dans la reprise de l’initiative par Jésus : « Il s’est présenté lui-même vivant. » Si les récits évangéliques soulignent le caractère quotidien, matériel des rencontres avec les Apôtres, c’est dans le but de manifester de façon claire et simple qu’il ne s’agit pas d’un souvenir qui évoque Jésus, mais Jésus s’impose, prend l’initiative, demeure maître de sa Parole antérieure, et, finalement, est le Seigneur de sa mort, puisqu’Il permet de l’interpréter à partir de sa vie. La mort brise les relations, mais Jésus se présente aux Apôtres : Il fait éclater le carcan de la mort. Il est libre de communiquer quand Il veut. L’expérience pascale, c’est la communication et la relation restituées, dans une liberté insoupçonnée. Ce n’est pas le souvenir qui commande, Jésus n’est pas le prisonnier de notre mémoire, Il est le Vivant ; et parce qu’Il est le Vivant, Il est Promesse jusqu’à ce que s’accomplisse pour tous la communication, brisure de la mort.


Cette expérience apostolique est la racine de la foi chrétienne : le destin, la non-communication imposée définitivement par la mort, est détruit. Il n’est pas supprimé en imagination, non, c’est en réalité qu’il a cessé d’exister : Jésus s’est présenté lui-même vivant. L’expérience pascale consiste dans le fait que, contrairement à toute attente et à toute expérience, Jésus s’impose comme vivant aux Apôtres et ceci dans leur histoire. Sa vie terrestre et sa Croix en sont autrement illuminées : paroles, gestes, miracles, liberté à l’égard de la Loi, Passion, Crucifixion revêtent une signification qui n’était pas apparue aux disciples. Ils relisent l’Écriture avec d’autres yeux. Jésus avait annoncé le règne de Dieu, Il était le Prophète. Voici qu’Il est le Vivant, le Seigneur. Toute l’attention se déplace vers lui. La brisure qu’Il opère en libérant du destin n’est pas d’abord psychologique, mais objective. La communication rétablie, la relation réalisée transforment totalement la compréhension que l’homme prend de soi-même.                  Christologie. Le Messie, p. 163-164


Le plus grand défi de notre humanité


Blandine Vanderlinden – Dominique van Duyse

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Car toute la Loi est accomplie dans l’unique parole que voici : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Mais si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres.
Ga 5, 14-15
 Le message de Jésus-Christ, que rappelle Paul dans l’ensemble de sa lettre, porte sur deux valeurs essentielles et liées, la liberté et l’amour. Toutes deux forment un couple indissociable et constituent le socle de notre humanité.  Nous sommes libres —et responsables— de nos choix, alors comment les orienter ? Comment leur donner sens ? La réponse nous est donnée par Jésus-Christ dans son commandement suprême.  Arrêtons-nous sur le terme amour. Que signifie vraiment aimer ? Qu’est-ce qu’aimer ? Pour nous, aimer est fondamentalement un acte de foi, il est également une décision, et il n’y a pas d’amour sans liberté. 

Un acte de foi. On ne sait pas dire pourquoi on aime son partenaire, ses enfants, son voisin.  On aime son enfant parce qu’il est son enfant. C’est tout. C’est ainsi… Il n’y a pas d’autre explication…  C’est un acte de foi. Il  peut s’exprimer en « je crois en toi ». 

Une décision, une posture. Aimer c’est décider de porter un regard d’amour vers l’autre, vers la vie. C’est décider que ma vie soit orientée vers, et par, l’amour. Aimer son prochain s’exprime par la bienveillance, le respect, par tout acte lui permettant d’épanouir tout son soi, de prendre son envol. Les exemples d’actes d’amour sont innombrables aujourd’hui : le corps médical qui se dévoue au risque de sa propre santé, les commerçants qui travaillent avec cœur dans des conditions difficiles, les bénévoles qui rendent de multiples services, … Plus humblement aussi, mais tout aussi fort et important, nous pouvons retrouver l’acceptation et le respect du confinement, le port du masque pour protéger l’autre, ou tout simplement apporter de la joie autour de soi. 

Une liberté. Aimer est un élan du cœur, un geste gratuit et sans attente. Si on ne s’aime pas, nos portes intérieures sont fermées. S’aimer soi-même permet d’être libéré de toutes nos peurs et blessures et de s’ouvrir. S’ouvrir à oser aimer l’autre, le seul chemin vers plus d’humanité : un fameux défi !. Blandine Vanderlinden – Dominique van Duyse