Lettre ouverte à la presse religieuse en France

« Pour un christianisme d’avenir »

Extraits – 24 juin 2021

Il est admis qu’aujourd’hui la pratique dominicale, comme marqueur d’appartenance active à l’Église catholique romaine, est tombée à environ 2 % de la population en France, contre 25 à 30 % il y a soixante ans. C’est dire qu’un nombre considérable de personnes, et pas uniquement parmi les plus jeunes, s’est détaché, souvent sur la pointe des pieds, de l’Église Il catholique.

Parmi cette masse, certains sont devenus des athées du Dieu de leur enfance, des agnostiques sévères ou des indifférents tranquilles. Chacun s’y reconnaîtra. À côté, il y a pourtant une population non négligeable qui cherche, elle, une autre manière de croire, une autre façon de se comporter comme chrétiens.

Ceux qui le font visiblement se rattachent, à des degrés variés et sous des stratégies propres, à la Conférence catholique des baptisés francophones (ccbf), au Réseau des Parvis, à l’association Nous sommes aussi l’Église (nsae), au courant historique Témoignage chrétien, à la communauté des lecteurs de Golias.

La question en vient alors à se poser : à l’intérieur du christianisme catholique, qui aujourd’hui représente qui ? Qui parle pour qui ?

Dans notre pays, la situation est dans une situation médiatique qui n’est pas des meilleures….À tous les niveaux des médias, on n’y lit, on n’y voit ou on n’y entend quasiment jamais ceux qui essayent de vivre et de penser un christianisme alternatif…L’Église catholique romaine institutionnelle ne représente pourtant qu’une face du christianisme et de sa tradition. ( …) C’est ce qu’on appelle dans la Bible la tradition sacerdotale, celle du Temple et de la Loi, menacée sans cesse par le ritualisme et le légalisme, et dont Jésus combattit les profondes déviations.

L’autre tradition, c’est celle du mouvement, d’un rapport jamais fermé à la vie et à l’évolution des sociétés, d’une adhésion aux changements culturels et aux mouvements de libération des opprimés de la vie. C’est la tradition représentée par les prophètes de la Bible juive (Esaïe, Élie, Jérémie, Malachie…) et par le maître de Nazareth. Un homme qui n’était pas un prêtre mais un laïc, pour qui la guérison de l’humain était plus importante que les préceptes juridiques hérités d’époques révolues et qui portait l’idée d’un Dieu « dont la gloire est l’homme vivant » (saint Irénée). Cette mouvance promeut une autre théologie, une autre manière de parler de l’existence chrétienne. …

La question est de savoir comment susciter une prise de conscience parmi ceux qui ne sont pas totalement endormis dans leurs certitudes et comment soutenir ceux qui s’interrogent encore sur un christianisme d’avenir, et qui frôlent parfois la désespérance ; comment établir une meilleure liaison entre ceux qui pensent qu’il est encore possible de transmettre un message d’une grande richesse ; comment inventer une nouvelle théologie comme vient de le suggérer Christoph Theobald, professeur au Centre Sèvres à Paris, ou comment produire un nouveau récit de la foi dans notre culture du XXIe siècle. (cf note ci-dessous)

Le changement est pour partie entre les mains de ceux qui, à la télévision, à la radio, dans la presse, dans l’édition, pressentent ou comprennent l’urgence de sortir de la répétition et de l’enfermement actuel, et envisagent la possibilité de donner à d’autres que ceux que l’on voit, que l’on entend ou que l’on lit habituellement, la possibilité de s’exprimer et de débattre. Notre appel sera-t-il entendu ?

Robert Ageneau, Robert Dumont et Jacques Musset,
de l’équipe « Pour un christianisme d’avenir »

En note : « Une recherche monolithique ne peut pas nous conduire très loin. Nous avons besoin d’avoir une approche théologique plurielle. Nous sortons d’une époque durant laquelle nous avons eu peur de tout ce qui était différent… Nous sommes à un moment charnière, tout particulièrement en Europe. Développer une prospective est essentiel, alors que l’Église est anesthésiée par le nombre moindre des vocations, par les questions éthiques de la société, par la pandémie. Il n’y a pas de vision face à l’incertitude, alors même que nous devrions vivre de cette vertu centrale qu’est l’espérance et développer, comme dans la Bible, des rêves d’avenir ». Interview de Christoph Théobald par Christophe Henning, recueillie le10 mai 2021 et publiée dans la version numérique de La Croix, le jour suivant.

Lettre ouverte à la presse religieuse en France

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Le monde est foutu ? Courage, au travail !