Moussa: « Je suis quoi, moi? »

Témoignage de Moussa, un sans-papier.

« Je suis quoi, moi ? J’ai été trouvé dans la rue quand j’étais bébé.  Je n’ai rien : pas de famille, pas de pays, pas de papiers, pas de travail, pas de minimex, pas de maison, pas d’auto, pas de MP3 … rien ! Je suis quoi, moi ? »

Ainsi se lamentait un « sans-papier », venu d’un pays, l’Afghanistan, qui n’est plus un pays mais un tas de ruines depuis l’invasion étrangère, un « sans-famille » puisque tous les siens ont été tués, un « sans rien du tout » puisqu’il n’a pas droit au travail ni à la sécurité sociale. Où sont ses responsabilités dans tout cela ?

Pouvons-nous rester indifférents au sort de ceux qui sont nés sous une mauvaise étoile ? En faisant mes courses au supermarché, les paroles de Moussa me revenaient à l’esprit. J’étais dégoûtée : tous ces caddies débordants, non seulement du nécessaire pour vivre, mais aussi de sucreries, cigarettes, alcool, aliments pour animaux, jouets électroniques, vêtements « à la mode » Trop, c’est trop !! Je suis écœurée. Pourquoi tous ces gens, et moi avec eux, pourquoi pouvons-nous remplir notre caddie et pas Moussa ? C’est injuste ! C’est injuste ! Il ne mérite pas d’être exclu ! Non ! Je n’en peux plus de voir ces différences entre les hommes.

Toi qui me lis, si tu as « les moyens » de te loger, de te nourrir, de te vêtir et peut-être aussi de gaspiller, dis-toi bien que rien ne justifie que tu sois avantagé par rapport à d’autres. Tu travailles ? Quelle chance ! Lui, Moussa, cherche du travail, en vain. Tu as hérité ? Quelle chance ! Son héritage à lui, ce sont les conséquences de la guerre.

  « J’en connais qui sont riches. J’ai demandé comment ils faisaient. Il y en a qui travaillent, mais certains m’ont dit qu’ils volaient, parce qu’ils n’ont pas de travail. … Moi, je voudrais du travail mais je n’en trouve pas. Quelle femme voudra de moi si je n’ai pas d’argent ? Je vais encore chercher du travail. Ainsi je pourrai acheter une télévision, une auto, et puis je ferai du sport, c’est bon pour la santé, et puis je ferai des voyages. Et puis je vais acheter une maison. Ça coûte combien une maison ? Une maison pas grande, avec un petit jardin, à la campagne, je n’aime pas la ville, ce n’est pas bon pour les enfants. Et quand il y aura la paix dans mon pays, vous viendrez avec moi, je paierai le voyage ».

Dirty Biology et Charles Villa en Afghanistan

Pour trouver un abri. Théo Mertens.